Découverte de deux squelettes de loup dans un aven de l’arrière-pays Toulonnais (83)

Découverte de deux squelettes de loup dans un aven de l’arrière-pays Toulonnais (83)

En janvier 2020, un spéléologue découvre les restes d’un canidé au fond d’un gouffre (aven) dans l’arrière-pays toulonnais. Pour l’identifier, les inspecteurs de l’environnement du service départemental du Var de l’Office Français de la Biodiversité ont participé à une opération au caractère peu banal.

C’est en descendant au fond d’un aven de 4 m de diamètre et 13 m de profondeur sur la commune du Revest les Eaux, qu’André, passionné de spéléologie et membre de l’Association départementale de spéléologie du Var a découvert le squelette d’un canidé. Sur place, André prend une canine détachée de la mâchoire pour la montrer à son fils. C’est une grosse canine et sachant le loup présent sur le secteur, André s’interroge sur cette découverte. Lors d’une seconde expédition, il décide donc de remonter la tête de l’animal pour tenter d’identifier l’espèce.

Le gouffre dans lequel les restes de canidé ont été découverts (M. Mauro / OFB)

Il se rend au Museum Départemental du Var où il consulte un article traitant des caractères biométriques permettant de différencier un crâne de loup d’un crâne de chien 1. André prend alors des mesures du crâne avec des moyens rudimentaires (des petits pois pour estimer le volume de la boite crânienne, un mètre ruban). Il lui semble qu’au regard de ces premiers résultats le canidé pourrait bien être un loup.

Les restes du squelette de canidé tels que découvert par le spéléologue varois en janvier 2020 (M. Mauro / OFB)

Suite à ces constatations, l’information est transmise au service départemental du Var de l’OFB. Le loup étant une espèce protégée, le procureur du TGI de Toulon est informé et une procédure judiciaire est ouverte et dans ce cadre des analyses génétiques doivent valider qu’il s’agit bien d’un loup

Aussi, fin janvier, les agents de l’OFB, accompagnés du découvreur et d’une équipe de spéléologues, sont mobilisés pour récupérer le squelette en toute sécurité. Les inspecteurs de l’environnement constatent que l’animal est mort lové sous une avancée rocheuse. Sa mort est évaluée entre 1 à 6 ans. Ils relèvent également des traces de griffures au bas de la paroi.

L’équipe des agents de L’Office Français de la Biodiversité lors de la récupération des restes osseux fin janvier 2020 (M. Mauro / OFB)

L’animal aurait possiblement tenté de remonter suite à une chute accidentelle. Un détecteur de métaux est descendu dans le gouffre pour examiner le squelette et ses alentours afin de trouver les restes d’éventuelles munitions. Mais aucun élément n’est retrouvé et les restes prélevés ne présentent aucune fracture ou trace de traumatisme. En outre, les restes d’un autre canidé sont retrouvés au même endroit, bien plus anciens et en mauvais état de conservation, sans possibilité immédiate de diagnostic sur les causes de cette seconde mortalité.

Les 2 squelettes sont sortis avec beaucoup de précautions et des prélèvements (dents, restes osseux) sont effectués puis envoyés au laboratoire référent pour analyse génétique, suivant le protocole mis en place par le réseau Loup-Lynx animé par l’OFB.

L’ensemble des prélèvements remontés à la surface par les agents de l’OFB (M. Mauro / OFB)

Fin avril, les résultats des analyses tombent. Confirment qu’il s’agit bien de deux loups (Canis lupus lupus).

Le plus récent, une femelle, avait déjà été détectée génétiquement grâce à une crotte ramassée en 2016 sur le versant nord de la montagne de la Sainte-Baume sur la commune du Plan d’Aups (83) par un agent correspondant du Réseau Loup-lynx au sein du service départemental de l’OFB. Le squelette le plus ancien n’a pas pu révéler de génotype individuel suite à l’analyse génétique.

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Carte de localisation des indices de présence récoltés en 2016 et 2020, à une vingtaine de km de distance et identifiant une même femelle

P Riazza-Wallet et P-E. Briaudet / OFB

1 – Crâne de loup ou de chien ? Recherche des caractères biométriques et morphologiques les plus discriminants / Wolf or dog skull ? Search for the more biometric and morphologic discriminant caracters (Eric Fabre et Philippe Orsini) – Voir également l’article publié dans le bulletin loup du Réseau en 2006