Situation du loup en France

Situation du loup
en France

Crédit photographique : J. L’Huillier/ONF

La population de loups fait l’objet d’un suivi annuel permanent. L’OFB est responsable de l’organisation de ce suivi, par le recueil et l’analyse des données au travers de son Réseau multi partenaires de correspondants. Le suivi de la population de loups en France a été mis en place depuis la première détection de l’espèce en 1992 dans Parc national du Mercantour. Il est déployé aujourd’hui au niveau national, avec quelques 4 000 correspondants formés à cet effet.

Où sont les loups en France ?

Espèce discrète, et vivant en faible densité sur de grands territoires (plusieurs milliers d’hectares), les loups sont difficiles à détecter par simple observation visuelle directe. En zone de présence permanente, beaucoup l’ont croisé une fois dans leur vie, mais très rares sont celles et ceux qui le voient plusieurs fois par an. Le suivi scientifique du loup repose donc sur des techniques éprouvées de recherche d’indices indirects sur le terrain, tels les excréments, poils, urine, sang ou encore proies qui trahissent sa présence.

La répartition du loup
en France

Les données collectées et analysées sur tout le territoire français permettent au réseau Loup-lynx de réaliser le bilan de détection de présence de l’espèce. Si le fait de trouver un indice indique que l’espèce est présente, en revanche ne pas en trouver n’assure pas pour autant son absence ! Un lissage par maille sur une fenêtre biannuelle permet de compenser ce biais. Une carte est ainsi éditée chaque année pour visualiser l’aire de présence du loup détectée sur le territoire français, en classant les mailles en présence régulière versus occasionnelle. Chaque année la carte est réactualisée en fonction des nouveaux indices de présence détectés par le réseau.

Consultez l’évolution de ces cartes de détection de présence de l’espèce au cours du temps sur le portail de l’OFB « Carmen ».

Les zones de présence permanente (ZPP) et évolution démographique de la population

Un suivi plus intensif sur les secteurs de présence régulière permet alors d’identifier la composition des groupes de loups formés en meutes. Le loup étant une espèce territoriale, il est alors possible en combinant les sources d’indices de présence et de reproduction de déterminer les différents groupes qui se partagent le territoire.

À la sortie de l’été 2021, le réseau Loup-lynx estimait que la population de loups en France comptait au moins 145 territoires de loups dits « zones de présence permanente » (ZPP) parmi lesquels 128 sont constituées en meutes. Le bilan complet ici.

Cartographie schématique des zones de présence du loup en France – Situation à l’issue de l’été 2021

Comme toutes les populations d’animaux sauvages, la population de loup ne peut pas être dénombrée de manière exhaustive par simple comptage. Il convient de faire appel à la modélisation mathématique pour prendre en compte notamment la faible détection de l’espèce.
C’est pourquoi nous parlons d’estimation. L’observation consécutive sur plusieurs années nous permet d’établir des tendances d’évolution de la population (hausse, baisse ou stable) pour caractériser son statut de conservation.

Méthode CRM sur génotypage individuel non invasif

Évolution démographique
de la population de loups

Les analyses génétiques combinées à des méthodes statistiques permettent entre autre d’accéder à cette estimation  pour calculer un effectif total corrigé de son biais de détection imparfaite. À la sortie de l’hiver 2020-2021, le réseau Loup-lynx estimait la population de loups en France autour de 620 individus. Voir le bilan complet ici.

 Sont également calculés grâce à ces modèles scientifiquement reconnus sur de nombreuses espèces, les paramètres de survie et mortalité : Pour la période 2014-2019, la mortalité était estimée à 42 % toutes classes d’âges confondues et toutes sources de mortalités naturelles et/ou anthropiques.

Estimation du taux d’hybridation (loup/chien) de la population

 

Appartenant à la même espèce à l’origine, loups et chiens peuvent potentiellement se croiser entre eux et donner une descendance hybride.

Les analyses génétiques couplées à des modèles statistiques permettent d’obtenir un taux d’hybridation de la population. Des centaines de loups ont été identifiés individuellement par leur profil ADN tirés des échantillons biologiques (excréments, urines, etc.) qu’ils ont laissés sur le terrain. Les résultats d’une étude menée par l’ONCFS (actuel OFB) en 2017, montrent qu’en France le taux d’hybridation dans la population de loups est de l’ordre de 2,5 % pour l’hybridation récente et 6 % pour l’hybridation plus ancienne. Ces pourcentages sont conformes à ceux relevés dans d’autres pays d’Europe.

Historique

Loup en captivité. © P.Massit / ONCFS.
Crédit photographique : P. Massit/ONCFS

Présence historique du loup

Les documents d’archives indiquent que le loup était historiquement présent dans toutes les campagnes françaises. L’impact qu’il représente déjà à l’époque, sur l’élevage particulièrement, fait de lui un ennemi public, et les moyens sont développés pour le chasser, avec notamment des primes à l’abattage attractives. Au XIXe et au XXe siècles, le loup n’occupe plus que la moitié de son territoire historique. Les hommes le chassent, l’empoisonnent et réduisent son habitat par une déforestation importante. En 1937, la population est considérée comme éradiquée (thèse de F. de Beaufort, 1984).

C’est 50 ans plus tard, avec les préoccupations de protection et de conservation des espèces, que le loup obtient le statut d’espèce protégée au niveau européen. Ces textes interdisent sa destruction mais des dérogations sont néanmoins prévues en cas de dommages jugés importants (voir sa réglementation). Parallèlement, les forêts regagnent du terrain et les proies du loup redeviennent abondantes. Ce changement de contexte qui se produit en moins d’un siècle se révèle très favorable au retour de l’espèce sur le territoire français, comme sur l’ensemble de l’Europe occidentale.

Le loup n’a jamais complètement disparu d’Italie (région des Abruzzes, au centre du pays) et, profitant de l’évolution du contexte juridique et environnemental, l’espèce progresse naturellement, en particulier vers le nord et le massif alpin.

Retour progressif du loup
en France

En 1992, un premier couple de loups est observé en France, dans le parc national du Mercantour (06).
Dès lors, le suivi de l’espèce est mis en place et permettra de documenter son expansion.
Cette croissance de la population de loups s’inscrit plus globalement dans la croissance de l’espèce en Europe. L’OFB participe d’ailleurs à son suivi à l’échelle européenne.

Carte de détection de l’espèce à l’échelle européenne en 2016 –  Source : Large carnivore initiative for Europe