Entre Recherche et Gestion : Une nouvelle approche pour l’analyse des points chauds d’attaques de loup sur ovins en France

Entre Recherche et Gestion : Une nouvelle approche pour l’analyse des points chauds d’attaques de loup sur ovins en France

Connaitre la façon dont s’organisent les attaques causées par le loup sur le bétail, que ce soit dans l’espace ou dans le temps, est primordial pour comprendre le phénomène de déprédation. Ainsi, l’identification des zones où les attaques sont statistiquement plus agrégées qu’une répartition au hasard (appelées points chauds) et leur évolution dans le temps, permet de savoir si le conflit est propre à certains territoires. De plus, cette compréhension est un véritable outil de gestion, car elle aide à appliquer à des échelles pertinentes et aux bons endroits des solutions d’atténuation des interactions loup-troupeaux.

Lors du congrès international de biologie de conservation (ICCB) qui s’est tenu cet été à Kuala Lumpur (Malaisie), la doctorante Oksana Grente de l’ONCFS et du CNRS a présenté dans le cadre de sa thèse sur l’impact des tirs de loup les résultats préliminaires de l’analyse spatiale et temporelle de la répartition des attaques sur les ovins en France. La plus-value de l’étude a été de s’appuyer sur des méthodes d’analyses statistiques issues de l’épidémiologie (permettant de modéliser l’apparition de foyers infectieux) ; en l’espèce, en intégrant les effectifs de moutons ainsi que le temps de pâturage des troupeaux d’ovins, qui modifient la disponibilité en proies domestiques et donc le nombre d’attaques possibles sur les troupeaux (un troupeau plus grand et sortant plus longtemps ayant un risque initial plus élevé d’avoir des attaques). Ces données étant rarement disponibles, elles ne sont généralement pas prises en compte dans les études des points chauds de déprédation.

Les premières analyses de l’ONCFS et du CNRS démontrent que même si on prend en compte le nombre de brebis et le temps de pâturage inégaux entre unités pastorales, certaines zones présentent plus d’attaques que d’autres. Ces zones, qualifiées de points chauds, semblent évoluer dans le temps. Un point chaud n’est pas nécessairement stable d’années en années. Des analyses complémentaires seront nécessaires pour identifier les potentiels facteurs environnementaux, zoologiques ou sociaux (il s’agit par exemple des méthodes pastorales notamment les mesures de protection, mais aussi la densité humaine, la chasse etc.…) qui provoquent l’apparition de ce phénomène. Une publication des résultats est prévue pour la fin de l’année. Une fois finalisés, ils seront utilisés pour calibrer les échelles spatiales et temporelles des analyses ultérieures de la thèse. Ces analyses porteront sur l’effet des tirs de loups sur les attaques et la population de loups. En effet, ces impacts devront s’étudier à différentes échelles spatiales : quelles conséquences sur les dégâts au troupeau, sur le troupeau et ses voisins, sur l’unité pastorale, etc. Et également à différentes échelles temporelles : quels impacts sur les dégâts les jours suivant le tir, les semaines suivantes, l’année suivante, etc. De même sur la population de loups : quelles conséquences sur la stabilité de la meute, l’éclatement du groupe, la survie des jeunes, etc. ?

© A. Azizan

O. Grente / ONCFS