Le Loup euthanasié sur Angoustrine (66) était originaire du massif du Mercantour (06) et détient le record de longévité observé pour les loups sauvages en France

Le Loup euthanasié sur Angoustrine (66) était originaire du massif du Mercantour (06) et détient le record de longévité observé pour les loups sauvages en France

Ce printemps, nous faisions paraitre un article sur l’autopsie d’un vieux loup mâle retrouvé très affaibli et qui avait été euthanasié sur la commune d’Angoustrine dans les Pyrénées-Orientales fin janvier 2019.

L’analyse génétique pratiquée à partir d’un fragment de muscle prélevé lors de l’autopsie révèle que l’animal avait déjà été identifié à 18 reprises sur le massif du Carlit-Campcardos entre 2007 et 2019 (grâce aux analyses génétiques sur ses excréments, poils et urines retrouvés sur le terrain : voir cartographie ci-dessous) et qu’il était originaire de la Haute-Tinée, où il avait été détecté en 2006, à plus de 500 km à vol d’oiseaux de la chaine Pyrénéenne. Cette zone du massif du Mercantour, département des Alpes Maritimes, abrite encore aujourd’hui une des meutes historiques de la population française de loup. Cet individu, à l’origine disperseur en provenance des Alpes et territorialisé depuis 12 ans sur les Pyrénées catalanes, était donc âgé d’au moins 14 ans, ce qui constitue un record de longévité pour un loup sauvage en milieu naturel en France.

Localisation des « recaptures génétiques » du loup M16-10 entre 2007 et 2019 sur le massif du Calit-Campcardos

L’espèce loup est détectée pour la première fois sur la chaine pyrénéenne en 1998 sur le massif du Madres (66) et l’année suivante, en 1999 sur le massif du Carlit-Campcardos, puis de façon épisodique. Sur le Carlit-Campcardos, deux individus sont notés ensemble au cours de l’hiver 2003-2004 (mâle et femelle confirmés par analyse génétique). Le Carlit-Campcardos est classé en Zone de Présence Permanente de l’espèce à partir de 2008. Depuis, sur la partie Est des Pyrénées, se succèdent uniquement des mâles (M) :

  • M16-10 : 19 détections entre 2007 et 2019 sur Carlit-Campcardos, euthanasié sur la commune d’Angoustrine. La zone de récolte des feces de cet animal représente une surface d’environ 300km², ce qui correspond bien à une taille moyenne d’un territoire de loup en France.
  • M37-18 : 3 détections en 2012-2013 sur le massif du Madres (commune de Mosset).
  • M39-15 : 1 détection en 2012 versant espagnol (commune de Setcasas) sur le massif du Puigmal-Canigou-Ripolles.
  • M41-1 : 2 détections en 2014 versant espagnol (commune de Queralbs) sur le massif du Puigmal-Canigou-Ripolles.
  • M24-8 : 2 détections en 2017 et 2018 sur le massif du Puigmal-Canigou-Ripolles (commune de Llo) et du Madres (commune de Querigut).

Pour mémoire, tous les loups détectés dans les Pyrénées à l’aide des analyses génétiques sont de lignée italo-alpine, y compris côté espagnol (Aragon et Catalogne). A l’heure actuelle, la lignée ibérique est présente dans le Pays basque espagnol et la Rioja.

Aucune reproduction n’a pour le moment été détectée sur la chaîne pyrénéenne.

Suite à la mort de cet individu, l’évolution de la présence de l’espèce dans les Pyrénées-Orientales sera à surveiller dans les mois à venir, notamment sur le secteur du Capcir sur lequel une observation de loup a été retenue en mars dernier.

P-E Briaudet / ONCFS