Point de situation sur le front de colonisation du loup en France

Point de situation sur le front de colonisation du loup en France

L’espèce est nouvellement détectée dans plusieurs départements

Depuis le début de l’année 2021, plusieurs départements sont concernés par des premiers indices de présence du loup sur leur territoire.  Ce constat témoigne de la dynamique de l’espèce en particulier sur son front de colonisation. En effet, si la présence du loup dans ces départements une première depuis plus d’un siècle, l’espèce est connue pour sa grande capacité de déplacement et de dispersion. Ainsi, depuis le retour du loup en France dans les Alpes du Sud au début des années 90, le prédateur s’est installée sur les principaux massifs montagneux français. Elle est ponctuellement mais régulièrement aperçue sur des territoires éloignés du cœur de population alpin.

Ainsi, dans la journée du 10 janvier 2021, un grand canidé a été pris en photo, sur la commune de Francheville, dans le département de la Côte d’Or. Le cliché a été transmis le jour même à l’Office français de la biodiversité (OFB), établissement public en charge du suivi du loup en France. Vu la qualité de l’image, l’expert de l’OFB a pu authentifié cette observation comme étant celle d’un loup gris (Canis lupus lupus). Deux autres personnes ont pu également l’observer. La neige étant présente au sol à cette période, les agents du service départemental de l’OFB ont pu suivre la piste de l’animal sur 6 km, avant de perdre sa trace.

Figure 1 : Trace le loup dans la neige, suivie le 10/01/2021 en Côte d’Or ©OFB SD 21
Figure 2 : Dépouille de loup trouvée le 17/03/2021 aux abords d’une voie-ferrée dans la Vienne ©OFB SD 86

Le mercredi 17 mars matin, la dépouille d’un grand canidé a été découverte à proximité d’une voie ferrée sur la commune de Lathus-Saint-Rémy, sur la frange sud-est du département de la Vienne. L’observateur a transmis la photographie et les détails de cette observation à la Fédération Départementale des Chasseurs. Cette dernière a relayé l’information à l’OFB qui a très rapidement pu authentifier cet animal comme étant très probablement un loup gris (Canis lupus lupus). Des analyses complémentaires réalisées sur le cadavre de l’animal ont confirmé la mort par collision, les analyses génétiques sont en cours.

Dans la nuit du 9 au 10 avril 2021, un grand canidé a été pris en photo par un appareil automatique sur la commune de Chambost-Allières, dans le département du Rhône. Le cliché a été transmis à l’OFB , dont l’équipe de spécialistes a pu authentifier cette observation comme étant celle d’un loup gris (Canis lupus lupus). Les 12 et 15 avril 2021, deux dommages sur des moutons ont eu lieu sur la commune de Vaux-en-Beaujolais. Le Service départemental de l’OFB s’est rendu sur place afin d’effectuer les constatations. Les résultats des expertises concluent à ce que le loup ne soit pas exclu.

Figure 3 : Cliché d’un loup gris pris à l’appareil photographique automatique le 10/04/2021 dans le Rhône ©Marc BENOIT
Figure 4 : Cliché d’un loup gris pris à l’appareil photographique automatique le 14/05/2021 en Vendée © FDC 85

Enfin, le 14 mai 2021 matin, un canidé a été pris en photo sur la commune de Jard-sur-mer, dans le département de la Vendée, par un dispositif de piège photographique automatique visant à assurer un suivi de la faune sauvage. Les images et les détails de cette observation ont été transmis par la Fédération départementale des chasseurs et l’OFB a pu authentifier cette observation comme étant celle d’un loup gris (Canis lupus lupus). Plusieurs dommages ont été recensés par le gestionnaire du site NATURA 2020 qui a informé les services de l’OFB. Un dispositif de surveillance et d’accompagnement a été mis en place sur le secteur concerné en lien avec la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM).

La dispersion, un mécanisme biologique impressionnant, bien connu chez le loup

Ce type d’observation d’un animal seul et éloigné des zones où l’espèce est installée est caractéristique des individus en phase de dispersion, phénomène qui intervient deux fois dans l’année au printemps ou à l’automne. À l’automne, les jeunes nés au printemps prennent pleinement leur place au sein du groupe, contraignant d’autres individus à quitter la meute pour chercher un nouveau territoire où s’établir. Au printemps, les subadultes qui ne peuvent se reproduire au sein des meutes quittent leur territoire de naissance en quête d’un partenaire sexuel. Ces individus en phase de colonisation peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres avant de se fixer, et ceci en quelques mois (distance de dispersion record pouvant dépasser les 1 500 km depuis le lieu de naissance).

Le système de colonisation par « bonds » est caractéristique du loup. Le nouveau territoire d’installation peut être séparé de la meute d’origine de plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres, laissant des espaces vides qui peuvent être colonisés par la suite. Ceci explique notamment certaines observations isolées, loin des zones de présence permanente connues. Ces individus en phase de dispersion peuvent séjourner plusieurs mois dans un secteur avant de le quitter. La rapidité de déplacement et la discrétion de cette espèce d’un point à un autre fait que l’espèce peut facilement passer inaperçue le long de son trajet de dispersion. À ce stade, ces observations récentes ne permettent pas d’affirmer que le loup s’installe dans ces départements. En effet, les facteurs influençant les déplacements et l’installation des individus ne sont à ce jour pas expliqués, ce qui rend impossible la prévision de cette colonisation en termes de distance et de vitesse d’expansion.

La capitalisation des informations dans le temps est nécessaire pour évaluer l’évolution de la situation.

Figure 5 : Cartographie de localisation des indices de présence du loup retenus entre janvier et mai 2021 sur le front de colonisation de l’espèce © OFB

L’OFB intervient pour suivre la population lupine dans le cadre d’un programme coordonné par l’Etat

Le réseau Loup/lynx, animé par l’OFB, poursuit son travail de collecte d’informations de terrain pour suivre l’évolution de la présence de l’espèce sur l’ensemble du territoire national. La récurrence d’indices de présence dans le temps et dans l’espace permettra, le cas échéant, de mettre en évidence ou pas la sédentarisation de l’espèce sur le territoire.

Le loup est une espèce protégée au niveau national et européen. L’État s’attache donc à favoriser les conditions qui permettent de concilier les activités humaines et la présence de cette espèce. Un plan national d’actions (PNA) 2018-2023 sur le loup et les activités d’élevage a été adopté avec pour objectif d’élaborer une nouvelle méthode de gestion de l’espèce, fondée sur une meilleure connaissance de l’espèce et de ses modes de vies, pour mieux la protéger et permettre la protection des troupeaux et des éleveurs.

Mandaté par le Ministère en charge de l’Environnement en matière de suivi du loup,  l’Office français de la biodiversité dispose d’un maillage territorial d’agents spécialement formés à la reconnaissance des indices de présence du loup et à la réalisation des constats de dommage. En cas d’observation de loup ou d’indice de sa présence, n’hésitez pas à contacter rapidement le service départemental concerné de l’OFB, ou encore déclarer votre observation en ligne sur ce site.

P-E Briaudet / OFB