Réponse à la saisine « Tirs de loups »

Réponse à la saisine « Tirs de loups »

Contexte :

L’ONCFS et le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) ont reçu une saisine du MTES et du MAA datée du 17 janvier 2019 et ayant pour objet la révision du taux de prélèvement de loups en France. L’ONCFS et le MNHN ont répondu à cette saisine. Le conseil scientifique du PNA Loup a été sollicité pour emmètre un avis sur cette réponse, il a rendu un avis favorable.

Résumé exécutif de la réponse à la saisine :

1) Au vu des délais impartis extrêmement contraints, cette réponse s’appuie principalement sur des analyses à dires d’experts, reprenant les éléments déjà présentés dans l’expertise scientifique collective pilotée par l’ONCFS et le MNHN (2017) :

  • Au vu des données disponibles jusqu’en 2016, l’Exco proposait deux types de modèles pour figurer la dynamique de population de loups en France : un modèle à croissance exponentielle et un modèle à croissance freinée, sans pouvoir privilégier un modèle par rapport à l’autre ;
  • L’étendue des scénarios démographiques possibles était si large qu’il n’était pas possible de prédire le futur de cette population à horizon 2030.

2) Le suivi biologique du loup réalisé par le Réseau Loup-Lynx piloté par l’ONCFS permet de montrer que la population de loups en France poursuit son expansion en 2017 et 2018. Les analyses de l’Exco ont pu être mises à jour en incluant les données de ces deux dernières années. Ces mises à jour montrent que :

  • Les données suivent le modèle à croissance exponentielle avec un taux d’accroissement résiduel (c’est-à-dire intégrant toutes les causes de mortalité) de 13% ;
  • Cet excédent de 13% est limité au vu des capacités démographiques de l’espèce et montre que le protocole de gestion actuel a bien un impact sur la dynamique de la population ;
  • Il représente, si telle était la volonté politique, la marge de manœuvre maximale disponible pour ré-évaluer le nombre de prélèvements ;
  • Il n’est pas possible dans les délais impartis de réduire les marges d’imprécision autour des scénarios possibles dans le futur, il convient donc de s’orienter vers un dispositif de gestion « pas à pas » ou « j’apprends en agissant ».

3) Cette gestion, pas à pas, s’appuie sur le concept de gestion adaptative, dont les étapes sont rappelées.

  • L’objectif devrait résider dans le nombre d’attaques et non dans le nombre de loups ;
  • L’outil « tir dérogatoire » ne permet pas de diminuer le nombre d’attaques au niveau national. Il peut cependant être utile sur le court terme au niveau local, sur les foyers d’attaques, terme à définir précisément. Le nombre de tirs dérogatoires accordés une année ne devrait plus être défini comme un pourcentage du nombre de loups, mais comme un pourcentage du nombre de tirs dérogatoires accordés l’année précédente ;
  • L’évaluation de l’état de la population viendrait en garde-fou parallèle afin d’évaluer si les actions de gestion ne mettent pas à mal la population de loups. Cette évaluation ne passerait plus par l’estimation des effectifs, pour des raisons pratiques et méthodologiques, mais sur la base d’autres indicateurs et de leur évolution ;
  • Il ne faut pas omettre les étapes d’amélioration de la connaissance du système géré. Deux sujets nous semblent importants : l’étude de l’impact des tirs dérogatoires sur la cynétique des attaques, à différentes échelles spatio-temporelles ; et l’étude écosystémique (i.e. multifactorielle) des causes d’apparition et de persistance des foyers d’attaque, étant entendu que le tir dérogatoire n’est pas la meilleure solution sur le long terme.