St Amond, une Zone de Présence Permanente du loup en zone de plaine

St Amond, une Zone de Présence Permanente du loup en zone de plaine

Initialement dénommée « HMVM » pour Haute-Marne/Vosges/Meuse lors de sa désignation en 2014, cette Zone de Présence Permanente interdépartementale a progressivement évolué vers la Meurthe-et-Moselle, concernant toujours les départements des Vosges et de la Meuse, mais délaissant actuellement la Haute-Marne. Le massif forestier de St-Amond, au centre de cette très vaste zone d’environ 600 km², a donné son nouveau nom à cette ZPP (localisation ci-dessous à gauche). Il s’agit d’un territoire de plaine, aux paysages variés entre cultures, pâtures et forêts, situé au sud-ouest de Nancy et coupé par l’autoroute A31. Il est intéressant de noter qu’historiquement ce secteur correspond au dernier bastion de présence du loup dans le Grand Est, et même en France (cartes ci-dessous à droite).

Localisation schématique de la Zone de Présence Permanente (ZPP) du loup de St Amond
Cartes historiques de présence du loup en France (François de Beaufort, 1987)

Le suivi génétique sur ce secteur a mis en évidence que 3 individus mâles s’y sont succédés depuis 2013. L’individu S36-3 est détecté en janvier 2013 sur les communes de Midrevaux et Chermisey dans le département des Vosges (première « capture » via son ADN en mars 2012 sur les Hautes Vosges). Puis S34-20 en septembre 2013 sur la commune de Lescheres-sur-le-Blaiseron en Haute-Marne (détecté pour la première fois l’année précédente en Haute-Savoie). Le loup S50-2 a quant à lui été détecté la première fois sur cette ZPP en mars 2016, en Meurthe-et-Moselle, sur la commune de Tramont-Saint-André. 7 échantillons biologiques de cet animal ont ensuite été prélevés et analysés en 2016 et 2017. Malgré l’absence de recapture génétique entre 2018 et 2019, les nombreux indices de présence collectés par ailleurs témoignent du maintien de l’espèce sur la zone.

L’ampleur des dommages aux troupeaux domestiques demeure problématique sur cette ZPP et le réseau porte une attention toute particulière à l’évolution du statut biologique de l’espèce (éventuelle constitution en meute). Ainsi, un dispositif conséquent de piégeage photographique est mis en œuvre, sous l’égide des Services Départementaux de l’ONCFS de Meurthe et Moselle (54) et des Vosges (88). Cet effort de suivi sur le terrain donne de très bons résultats puisque pas moins de 127 événements photographiques ont été obtenus sur les deux dernières années (séries de clichés sur un même lieu et au même moment). A ce jour, l’ensemble des indices de présence récoltés par le Réseau ne mettent en évidence toujours qu’un seul individu.

Cette ZPP fait actuellement l’objet d’un arrêté interdépartemental (Meurthe-et-Moselle, Meuse, Vosges) de tir de prélèvement simple. Il repose sur l’Arrêté Ministériel du 26 juillet 2019 qui prévoit la possibilité de tirs de prélèvements dérogatoires au statut d’espèce protégée sur les ZPP non-meute et isolées, classées en cercle 1 et présentant des dommages exceptionnels. Le niveau de prédation sur cette ZPP, qui concerne essentiellement des ovins, est, en effet, considéré comme hors norme, car près de 4 fois plus élevé que ceux enregistrés durant la même période sur les ZPP du Larzac (12-34) et des Costières (30), également non constituées en meutes. Au cours de la période du 1er juin 2018 au 31 mai 2019, un total de 144 attaques classées « loup non écarté » a été enregistré sur la ZPP de Saint-Amond.

Le Réseau demeure donc vigilant, en particulier dans le nord de Vittel, où des attaques et des indices récents sont enregistrés. Le travail de recueil de nouveaux éléments de terrain se poursuit  avec le démarrage du suivi hivernal à l’échelle de la ZPP, qui devrait permettre d’optimiser le suivi des traces et la collecte de matériel biologique pour les analyses génétiques.

M-L Schwoerer / ONCFS