Deux nouveaux départements concernés par la présence du loup cet automne dans la région Grand Est : l’Aube et la Haute-Marne

Deux nouveaux départements concernés par la présence du loup cet automne dans la région Grand Est : l’Aube et la Haute-Marne

Dans la nuit du 22 au 23 septembre 2020, un grand canidé a été filmé par un appareil photographique automatique placé par un particulier sur son terrain, sur la commune de Bar-sur-Seine, dans le département de l’Aube. Le document vidéo (visible ci-dessous) a été transmis à l’Office français de la biodiversité (OFB), établissement public en charge du suivi du loup en France au travers du Réseau loup/lynx, qui a identifié de manière certaine un loup gris (Canis lupus lupus).

© E Lenoir

La même technique déployée le long d’un parc à moutons sur la commune de Domremy-Landeville dans le département de la Haute-Marne, a pris le 25 septembre dernier deux clichés permettant de mettre en évidence la présence d’un loup (voir ci-dessous). Cet appareil avait été mis en place à cet endroit par un éleveur, sur les conseils des agents de l’OFB, dans le cadre du suivi de l’espèce suite à des prédations.

La présence du loup dans ces deux départements était par ailleurs supposée en lien avec la survenue ponctuelle ces derniers mois de prédations sur troupeaux domestiques pour lesquelles les éléments techniques relevés n’avaient pas écarté la responsabilité du loup. S’il est impossible à ce stade d’établir un lien formel entre l’animal détecté par ces images et le responsable des prédations de ces derniers mois, ces éléments témoignent de la dynamique de l’espèce, en particulier sur son front de colonisation.

En effet, le loup est connu pour ses grandes capacités de déplacement et de dispersion. Ainsi, depuis le retour du loup en France dans les Alpes du Sud en 1992, l’espèce s’est installée sur les principaux massifs montagneux français. Elle est ponctuellement mais régulièrement aperçue sur des territoires éloignés du cœur de population alpin, comme cela a été le cas ces derniers mois dans l’Indre, l’Eure-et-Loir, la Somme, la Charente-Maritime, la Seine-Maritime ou encore le Loir-et-Cher.

Ce type d’observation d’un animal seul et éloigné des zones où l’espèce est installée est caractéristique des individus en phase de dispersion, phénomène qui intervient deux fois dans l’année, au printemps et à l’automne. A l’automne, les jeunes nés au printemps prennent pleinement leur place au sein du groupe, contraignant d’autres individus à quitter la meute pour chercher un nouveau territoire où s’établir. Au printemps, les subadultes qui ne peuvent se reproduire au sein des meutes quittent leur territoire de naissance en quête d’un partenaire sexuel. Ces individus en phase de colonisation peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres avant de se fixer, et ceci en quelques mois (distance de dispersion record pouvant dépasser les 1500 km depuis le lieu de naissance).

Le système de colonisation par « bonds » est caractéristique du loup. Le nouveau territoire d’installation peut être séparé de la meute d’origine de plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres, laissant des espaces vides qui peuvent être colonisés par la suite. Ceci explique notamment certaines observations isolées, loin des zones de présence permanente connues. Ces individus en phase de dispersion peuvent séjourner plusieurs mois dans un secteur avant de le quitter. La rapidité de déplacement et la discrétion de cette espèce expliquent qu’elle puisse facilement passer inaperçue le long de son trajet de dispersion.

Carte de localisation des indices de présence (ronds verts = images prises en caméra automatique) et des constats de dommages pour lesquels la responsabilité du loup n’a pas été exclue (ronds oranges). Période considérée : 01/01 au 30/09/2020. Départements de l’Aube (10) et de la Hte Marne (52)

Le Réseau loup/lynx, animé par l’OFB, poursuit son travail de collecte d’informations de terrain pour suivre l’évolution de la présence de l’espèce dans ces départements, comme sur l’ensemble du territoire national. La récurrence d’indices de présence dans le temps et dans l’espace permettra, le cas échéant, de mettre en évidence ou pas la sédentarisation de l’espèce sur le territoire.

Le loup est une espèce protégée au niveau national et européen. L’État a choisi de favoriser les conditions qui permettent de concilier les activités humaines et la présence de cette espèce. Un plan national d’actions (PNA) 2018-2023 sur le loup et les activités d’élevage a été adopté avec pour objectif d’élaborer une nouvelle méthode de gestion de l’espèce, fondée sur une meilleure connaissance de l’espèce et de ses modes de vies, pour mieux la protéger et permettre la protection des troupeaux et des éleveurs.

L’Office français de la biodiversité dispose d’un maillage territorial d’agents spécialement formés à la reconnaissance des indices de présence du loup et à la réalisation des constats de dommage. En cas d’observation de loup ou d’indice de sa présence, n’hésitez pas à contacter rapidement un agent de l’OFB en Région.

OFB, Réseau loup-lynx